Je nouais mon écharpe de laine blanche autour de mon cou. Je m’apprêtais à faire un tour dehors. Cela faisait des mois que j’étais resté dans « ma » chambre, à me renfermer un peu plus sur moi-même. Depuis ce tragique accident, je n’avais plus mis un seul pied dans le monde extérieur. Je restais cloitrée dans la maison de ma famille d’accueil, méditant, et faisant des recherches sur ce mystérieux monstre qui avait abattues mes parents. Je savais qui c’était mais pas ce qu’il était. J’avais cherché des journées, des mois entiers, pour trouver une simple et bête réponse à ma question. Ces créatures, qui vous hypnotisaient d’un seul regard, d’un seul mouvement. Elles avaient le don de pouvoir faire de chaque personne, son pantin. Ces créatures de la nuit qui en un seul geste de main, vous arrachaient le cœur et croqué à pleines canines dedans. Oui, c’était des êtres mauvais, et qui ne ressentaient plus rien désormais. Plus aucunes émotions, plus aucunes respirations. Des mort-vivants pour ainsi dire. Mais ils étaient plus connus sous le nom de « Vampire ». Des créatures assoiffées de sang, qui se nourrissaient du nectar le plus précieux à leurs yeux. Ils n’avaient aucun regret à voler votre vie. Ils ne pensaient qu’a la leur. Des êtres égoïstes, dénués de toutes sensibilités. Des monstres !
J’ouvris la porte d’entrée, et fus directement aveuglée par le soleil reflétant sur une neige pure comme je n’en avais jamais vu. J’eus du mal à m’adapter à nouveau à la luminosité extérieure, mais j’étais émerveillée. Comme un enfant de trois ans, qui découvrais après avoir ouvert ses cadeaux, un jardin blanc, doux comme la soie et froid comme … Les Vampires … Je devais cesser d’y penser, cela ne me mènerais à rien. De plus que je n’avais aucune solution, ni un seul plan pour essayer de venger mes parents.
Un pas, deux pas, trois pas… Je reprenais vie. Une douce brise vint me chatouiller le visage. Tout ça m’avait manqué. J’étais heureuse. Je croisais en chemin quelques enfants, courant l’un après l’autre, tout en se jetant des boules de neiges. J’aurais tant aimé retourner à cette époque, quand j’étais petite, rien ne m’effrayé, rien ne me déboussolé. Etant enfant, je joué avec mon grand frère à faire des forteresses de neige, à combattre nos ennemis, qui n’étaient autre que nos voisins. De bonne partie de plaisir … Mais les plus beaux moments ont tous une fin.
Tout c’était arrêté le 14 Février, le soir de mon anniversaire, j’avais eu 17 ans. Alors que je rentrais du lycée, j’avais retrouvé la maison sans dessus dessous. Tout avait été saccagé. Absolument tout. J’étais paniquée à l’idée de trouver ma famille dans un sale état. Les larmes me montèrent aux yeux, et je me jetais dans les escaliers, à la recherche d’un espoir. J’entrais à la volée dans la chambre de mes parents. Personnes ne s’y trouvait. Mon cœur battait à tout rompre, la peur montait de plus en plus et s’emparée de moi. Je m’avançai jusqu’à la chambre de mon grand-frère. Lorsque je vis la scène qui se déroulée devant moi, je n’avais pu retenir mes larmes, et je criais de toutes mes forces. Mon frère était penché sur mes parents. Les vidant de leur sang. Il m’entendit et se retourna vers moi. J’avais pu lire dans ses yeux, de la honte et de la surprise. Il ne s’attendait pas, à ce que je rentre si tôt. Il s’avança vers moi, titubant, comme si il avait été ivre d’avoir bu tant de sang. Il s’agenouilla face à moi, essuya sa bouche, et me pris dans ses bras, pleurant à chaudes larmes. Je lui criais de me lâcher. Mais rien n’y faisait, son étreinte était bien trop forte pour que je puisse le repousser. Mon corps devint aussi mou que de la guimauve, et je m’effondrais dans les bras, de l’assassin de mes parents. Comment avait-il pu ? Il nous avait tous trahi. Réalisant ce que j’étais en train de faire, je le repoussais de toutes mes forces. Il s’étalait à terre. Je vus alors la haine se glisser dans ses yeux rouges. Je me mis à courir, à m’échapper. M’enfuir le plus loin de ce monstre était maintenant mon seul but. J’allais le laisser seul avec ses regrets, enfin s’il en avait. Un monstre ne ressentait rien. Mis à part la haine, la colère, et la soif de sang. Hormis ça, il était entièrement dénué de tout sentiment. Je les plaignais. Comment goûterait-il à l’amour, l’amitié ? Allait-il rester comme cela toute l’éternité ? Je me posais ces questions, sans réponses, tout en courant, à la recherche d’un nouveau foyer. A une rue de mon ancien chez moi, il y avait une famille d’accueil. Je frappais sans relâche sur la porte de bois. Monsieur Falls ouvrit l’immense porte. Lorsqu’il vit dans quel état je me trouvais, il n’hésita guère un instant, et d’un geste qui se voulait tendre, me prit par la main et me fit entrer dans la grande maison. Il annonça à sa femme qu’ils accueillaient une nouvelle recrue. Elle fut plus qu’heureuse de recueillir un autre enfant qui se trouvait dans le besoin. Seulement cette fois, l’enfant c’était moi. Durant deux années, je vécus épanouie, j’avais découvert une famille formidable, et des parents extraordinaires. Mais qui malheureusement, ne pourraient remplacer les miens. Ils avaient tout fait pour m’aider … Je ne les remercierais surement, jamais assez. J’étais devenu comme leur troisième enfant, m’avaient-ils dit. Une simple phrase qui, m’avait réchauffé le cœur, en une fraction de seconde. Le bonheur, je le goûtais une deuxième fois. Surtout lorsqu’ils m’ont annoncé qu’ils m’avaient inscrite dans une prestigieuse école de Musique et d’Art. La High Art Subject. C’était mon rêve d’y aller, il allait désormais s’accomplir. J’avais encore du mal à y croire. Mais je m’y suis faite. Seul bémol, je n’y rentré que dans huit mois.
J’imaginais déjà la chaleur du feu de la cheminée, en train d’envelopper chaque parcelle de mon corps. L’odeur du chocolat chaud, s’émanant d’une tasse bouillante, que j’avais du mal à la tenir. Une couette polaire, en patchwork, déposait sur mon corps gelé. Tout cela en regardant, ou même en jouant avec mon « frère » à ses jeux de voitures qu’il aimait tant. Castiel était un garçon assez réservé extérieurement, mais à l’intérieur, s’en était tout autrement, il était hyperactif, extraverti et extrêmement sociable. C’était le genre de garçon à vivre un tant soit peu dans son monde. Il n’avait qu’un seul et grand amour dans sa vie : La guitare. Plus passionné de rock que lui, tu mourrais. Castiel avait des cheveux mi- longs, lissent, de couleur rouge-bordeaux. Il était grand, un mètre quatre-vingt-six à peu près, il portait constamment son blouson de cuir noir, ainsi que ses rangers, complétement trouées. Mais il les aimait … A part ces petits détails, son style varie. Il pouvait se vêtir d’un maillot Mario, et le lendemain porter un T-shirt de son groupe de rock préféré : 30 Second To Mars. Il m’avait transmis sa passion. Depuis six mois, je ne me voyais plus une seule journée sans écouter un extrait de leurs magnifiques chansons. Une drogue. Ils étaient devenus des modèles. Ils me permettaient d’oublier les blessures du passé aussi vite qu’un éclair traversait le ciel. J’aimais m’évader vers d’autres univers, là où tout m’appartenait, où je contrôlais absolument tout. Le Nevada, mon Nevada. Ma seule source d’inspiration.
La nuit commençait à tomber dans les rues de Londres, et j’apercevais seulement, la devanture de la maison. Quelques bouts de chou traînaient encore dans les quartiers, se jetant des boules de neiges, qui regorgeaient surement de nombreux cailloux. Une des petites filles du groupe tomba et se cogna le genou contre le rebord du trottoir. C’était à grande enjambées que je me dirigeai vers elle. La petite pleurait à chaudes larmes, tellement chaudes, qu’elles faisaient fondre la neige sur laquelle elles s’écrasaient. Elle avait vraiment du se faire mal. Je la pris dans mes bras et la fit s’assoir sur le rebord. Je lui massais ses articulations tout en lui demandant si ça allait mieux. Elle commençait à se calmer, et approuva d’un signe de tête. Ses yeux pétillaient, et ses larmes firent place à de grands éclats de rire. Elle me disait merci et me fit un tendre bisou sur la joue, pour reprendre ses occupations. Je me relevais, époussetais mes vêtements, puis je repris ma marche vers mon « chez moi ».
J’allais bientôt en avoir un vrai de chez moi, mais je trouvais que c’était bien trop. La famille Falls avait insisté pour m’acheter un studio, juste en face de la High Art Subject. Et comme vous deviez le savoir, ce n’était pas donné. Comment pourrais-je les remercier comme ils le méritent ? Si mes rêves et mes projets se concrétisaient, cela serait un jeu d’enfant. En revanche je ne pouvais leur offrir, pour l’instant, que mon amour et le bonheur qu’ils me transmettaient chaque jour. J’avais vraiment cette peur de ne jamais être à la hauteur de leur espérance. Après tout, je n’étais qu’une simple fille dans le besoin, qu’ils ont recueillis avec toute la gentillesse du monde. Pourquoi avaient-ils été comme cela ?
Je montais les marches devant le porche de la maison. J’eus à peine le temps de poser ma main sur la poignée, que la porte s’ouvrit à la volée. Je me retrouvai nez à nez avec Castiel.
« - Lilo, je t’attendais pour jouer à Need For Speed ! S’empressa-t-il de me dire, comme si tout le poids du monde reposait sur mes épaules, et que c’était à moi de prendre une décision.
-Plus tard, je serais médium. Ajoutais-je, souriante. Mon cher Castiel, vous êtes un peu trop prévisible à mon goût ! Que cela change, je risquerais de devenir las de cette routine. »
Rigolais-je, très vite accompagné par cet énergumène. On n’aurait pas pu en faire deux comme lui. Sinon la face de la terre en aurait été changée. Ca nous aurait conduits à un monde totalement irrationnel. Quoique … L’irrationnel était déjà bel et bien présent dans cette galaxie.
Castiel en tant que bon gentleman, me débarrassa de mon écharpe et de mon trench. J’enlevais mes bottines avec l’impatience de me retrouver les doigts de pieds en éventail devant la cheminée. Nous nous dirigeâmes vers le salon. A la vue du sofa rouge, aussi confortable qu’un nuage, mes yeux pétillèrent tels des étincelles quand un feu s’embrassait. Mon corps, ne répondait plus, et se dirigea de lui-même vers le nuage cramoisi. Ce dernier s’écroula littéralement, et mes pieds se posèrent machinalement sur la table basse noire. La télé me faisait face, et le jeu de Castiel était en pause. Ce brave garçon revint les mains non vides. Il tenait deux gros mugs, qui entre nous, ressemblaient plus à des bols qu’a une tasse, d’où l’on pouvait humer un doux arôme de cacao. Je pris la tasse non sans aucun mal, et la posait sur la table.
« - Merci, lançais-je à Castiel. »
Il me fit un signe de tête, me mit une manette de XBOX 360 entre les mains, et appuya sur play. Le décompte de la course était déjà en route. Je me cramponnais telle une accro et s’en suivit une course acharnée entre un Geek et moi-même.
Portail 
